Par Claudette Villeneuve, présidente de la Société historique du Golfe
Un village qui devient une ville… Vers les années 1950, l’industrie minière s’installe et le village de Sept-Îles voit arriver nombre de travailleuses et de travailleurs provenant d’un peu partout au Québec, des Maritimes et aussi d’Europe. Sept-Îles devient ville.
Dans le but de faire le lien avec son livre, Les Familles pionnières de Sept-Îles / Fondation d’un village tourné vers la mer, et de son DVD, Des aînés racontent…, la Société historique du Golfe s’est entretenue avec des personnes immigrantes des premières heures du développement industriel de Sept-Îles.
Les Familles pionnières de Sept-Îles a fait revivre les premières familles venues s’établir. Des aînés racontent… fait parler les descendants des premières familles. Afin de poursuivre l’histoire, il fallait le témoignage de ces femmes et de ces hommes venus travailler et construire Sept-Îles… tout en construisant leur propre avenir.
Ils sont arrivés, encore enfants ou jeunes adultes, dans une région qui, pour la plupart, leur était inconnue. Ils ont vite adopté le rythme de vie de la Côte-Nord, et ils sont toujours là pour témoigner. Pour plusieurs jeunes filles, elles venaient retrouver leur futur époux. Pour les hommes, ils venaient travailler.
Yves Joncas est arrivé, encore enfant, avec sa famille. Il nous parle de ses jeux, en toute liberté, avec les jeunes Septiliens de souche. Les activités commerciales de la rue Arnaud surnommée la 1re rue sont aussi de ses souvenirs. Yves s’est dirigé rapidement vers le monde des communications.
Johnny Stea, jeune Italien héritier de la dernière guerre, est arrivé à 17 ans… Tout un choc pour lui, et s’il avait eu l’argent pour le retour… Il est ici depuis plus de 70 ans. Sa promise est venue directement d’Italie pour leur mariage. Bien connu pour ses célèbres Alouettes, recette qui lui est particulière, la boucherie Johnny Stea est toujours en opération.
Armand Charrette est venu se chercher du travail. Le capelan a été sa première expérience de pêche; il en rit encore. Il a épousé une demoiselle originaire du Témiscamingue. Plusieurs ont acheté leur habit de noces à sa mercerie. Il a été et il demeure un adepte de la pêche. Son fils opère toujours le commerce familial.
Thérèse Lévesque n’avait rencontré son futur mari que 2 fois avant son arrivée à Sept-Îles. Ils se sont fréquentés par correspondance. Ayant demeuré quelque temps à Clarke City, ils ont déménagé à Sept-Îles afin d’ouvrir un commerce en photographie. Elle a été le bras droit de son mari, photographe attitré de la minière IOC.
Gilberte Nadeau Leblanc est arrivée jeune mariée. Déjà, son frère Robert était installé à Sept-Îles avec sa famille. Elle s’est adaptée très vite, et ses principales occupations ont été d’élever ses enfants et de seconder son mari, surtout dans les œuvres charitables qu’il soutenait par le biais du Club Richelieu.
Bertrand dit Burt Carrier a commencé au bas de l’échelle pour la Compagnie IOC. Il est devenu contre-maître-général et son habileté à s’exprimer en anglais lui a permis d’accompagner Brian Mulroney, alors président de la compagnie, dans sa ronde auprès des employés anglophones.
Dr Urgel Pelletier, jeune médecin, a commencé dans un petit bureau au sous-sol de la maison d’un dentiste et en allant visiter les malades à domicile. Il lui a fallu persévérer pour pouvoir travailler à l’hôpital; il y avait, à ce moment-là, une sorte de « chasse gardée » de la part des autres médecins en place.
Gilles Laforge est venu chercher une stabilité de travail pour pouvoir se marier. Il a travaillé 12 ans pour M. Cunial, bâtisseur du Centre d’achat Place de Ville, et par la suite il a ouvert ses propres commerces, une bijouterie et une mercerie. Il pilote son propre avion et il aime raconter les anecdotes de ses aventures.
Huguette Jourdain avait 12 ans quand son père a décidé d’amener sa famille de Baie-Trinité à Sept-Îles. Ayant voyagé dans la chaloupe familiale, le débarquement au quai est resté gravé dans sa mémoire. Elle a mis tous ses efforts de retraitée dans la réalisation d’un projet de maison pour les personnes en fin de vie.
Guy Gagnon arrive seul à Sept-Îles. Il travaille d’abord à construire les fondations du presbytère de la rue Arnaud. Puis il occupe divers emplois, notamment pour la Baie d’Hudson. Il élève sa famille et participe activement à la vie sociale et culturelle de la ville alors en plein développement. Et il continue toujours à faire du bénévolat.
Dr Louis-Joseph Roy a d’abord pratiqué la chirurgie à Schefferville et à Havre-Saint-Pierre avant de venir commencer une longue carrière à l’hôpital de Sept-Îles. Il s’est particulièrement impliqué dans le développement de l’hôpital et a participé à la vie culturelle et sociale du milieu, tout particulièrement au Club Richelieu.
Suzanne Lévesque est venue, une première fois, en novembre 1962, chercher son mari pour la période des Fêtes. Elle a souvenir d’une longue route entre Alma et Sept-Îles, avec peu de maisons, un territoire immense et une journée courte en luminosité. En janvier 1963, elle débutait comme infirmière à l’hôpital de Sept-Îles.
C’est grâce à l’offre généreuse de TVCOGECO et de son directeur, Patrick Delobel, et au travail professionnel de son caméraman, Mathieu Boudreault, que la Société historique du Golfe a pu recueillir les souvenirs des premiers arrivants de l’ère industrielle de Sept-Îles. Enregistrées sur DVD, les entrevues seront sauvegardées et mises à la disposition du public. Elles ont été télédiffusées sur le réseau communautaire au cours de l’automne 2012 et de l’hiver 2013.